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Deux IVG, 10 ans pour se pardonner

  • Alexia
  • 19 sept. 2017
  • 5 min de lecture

Bonjour, Je m'appelle Alexia, j'ai 26 ans et j'ai avorté deux fois : à 16 ans et à 19 ans. A 16 ans, cela faisait presque un an que j'étais avec mon copain. Je ne prenais pas la pilule puisque ma mère n'était pas pour. Les préservatifs c'était bien mais c'était chiant ! Et, à 16 ans, on se dit "bah un sur deux ça doit suffire"... Ahah ! Je suis tombée enceinte. J'ai fait, sans mentir, sept tests de grossesses de suite pour en être sûre. La décision a vite été prise. J'avais 16 ans, lui 15 ans... Je n'en ai pas parlé à mes parents. J'ai voulu mais je ne savais pas comment faire. Pendant plus de dix ans, ma mère a essayé d'avoir un deuxième enfant sans succès... Je ne pouvais pas lui dire "regarde moi ça marche super bien !" Je suis allée au planning familial et j'ai fait les démarches avec mon copain. J'ai demandé à une camarde de classe qui avait 18 ans si elle pouvait m'accompagner à l'hôpital. En effet, en tant que mineure, on devait être accompagnée d'une personne majeure. Elle a accepté et est devenue par la suite une amie. Mon copain n'a pas eu le droit de m'accompagner. J'avais déjà avalé le médicament deux jours auparavant mais j'aurais souhaité qu'il soit là pour me rassurer. J'ai vomi, vomi, vomi et me suis tordue de douleur. Ma pauvre camarade de classe a eu la gentillesse de me tenir les cheveux et de me rassurer durant toute cette étape. Puis l'infirmière est venue vérifier que le paquet était dans la couche... Point du tout... Il était encore coincé dans mon vagin... Solution au problème "Bah vous allez aux toilettes et vous le récupérer manuellement et vous tirer la chasse d'eau". Scènes de crime garantie ! L'infirmière m'a dit quand je suis sortie des toilettes à moitié traumatisée et en ayant oublié de me laver les mains "Bon au moins maintenant, vous prenez la mesure de votre acte !" Ah bah oui... ça c'est sûr ! J'ai retrouvé mon copain à la sortie de l'hôpital avec des amis et j'ai essayé d'enfouir toutes ces images et cette expérience au fond de moi. Ca n'a pas trop marché... A chaque fois que je devais avoir mes règles, je paniquais, je faisais des crises d'angoisse terribles. J'ai tout de suite pris la pilule après mon avortement, en cachette de ma mère qui n'était au courant de rien. La vie a continué tant bien que mal. J'ai commencé des études supérieures qui ne me plaisaient pas du tout mais qui plaisaient beaucoup à mon père. Je n'allais pas très bien mais j'étais toujours en couple avec mon copain et nous vivions dans un petit studio de 18 mètres carrés. Sauf qu'à 19 ans, les chemins de vie se séparent... Moi je n'assumais pas d'aller au conflit avec mes parents pour leur dire merde avec mes études dans cette grande école ou j'avais reçu une bourse d'étude... Mon copain a fini par me quitter. Il faut dire que je n'étais pas très drôle. Quelques semaines plus tard, pas de règles... Je suis allée voir la pharmacienne qui m'a dit que c'était peut être lié au stress et à la tristesse... J'ai fait l'autruche, puis j'ai vite reconnu les signes... Et merde ! On a fini par comprendre que ma pilule n'était pas du tout bien dosée et qu'elle ne servait pas à grand chose... Avec mon ex, nous ne nous étions pas quittés en mauvais terme, bien au contraire. Je lui ai donc annoncé "cette merveilleuse nouvelle". Il a été très compréhensif et m'a dit que, quoi que je décidais, il m'accompagnerait et assumerait. J'ai beaucoup pensé le garder, mais j'ai vite compris que mère célibataire sans diplôme, ce n'était pas une vie. D'autant plus que mon ex-copain s'est vite retrouvé une copine parmi mes amies... la joie absolue ! Et puis, je l'ai fait une fois ! J'en suis pas morte, la deuxième sera pareille ! Et non ! J'ai avorté cette fois par opération. Cela fait moins mal mais qu'est ce que c'était dur de ne pas pleurer... Reste forte ! Mon ex-copain a pu cette fois m'accompagner, et bien qu'avec une autre, a été formidable ! Sauf que cette fois-ci je n'ai pas réussi à tout enfouir au fond de moi. Après quelques mois à observer l'idylle naissante entre mon ex et mon "ancienne amie" (fichue jalousie), j'ai craqué ! Tout a explosé: pleurs, angoisse, dépression, solitude et boulimie, la totale ! Donc, prise de décision radicale. J'ai quitté mes études pour aller à la fac et j'ai déménagé pour recommencer une vie ailleurs. Je n'en pouvais plus de ses copines qui vous appellent "J'ai deux jours de retard, toi qui connait bien le sujet, ça se passe comment l'avortement ?" ou les réflexions "Ahahah, t'en fais pas jamais deux sans trois !". Je ne leur en veux plus, c'était déplacé mais elles ne pouvaient pas le savoir. J'ai reconstruit ailleurs en enfouissant. Puis, trois ans plus tard, lorsque j'ai eu 21 ans, mon ex s'est séparé de sa nana et est revenu me voir... oui, toujours amoureuse ! On ne se refait pas ! Le revoir m'a rendue si heureuse, et si coupable. Tout est remonté ! Les deux avortements, la douleur, le manque, la culpabilité... Il n'a pas compris mais je n'arrivais plus à le regarder. Je l'ai quitté comme une mal propre et je n'ai plus jamais eu de nouvelles de lui. Comme je ne savais plus quoi faire, j'ai reproduit le modèle que je connaissais et qui avait marché. J'ai déménagé à l'étranger (plus c'est loin mieux c'est) et j'ai recommencé une nouvelle vie en enfouissant encore. Mais ça a été pire... J'ai fini par me rendre à l'évidence qu'il fallait que je sois accompagnée. Je suis allée chez le psychologue et j'ai suivi une thérapie. Aujourd'hui, j'ai 26 ans. Je suis professeure des écoles (comme quoi, ça vous poursuit). Cela fait 10 ans depuis mon premier avortement, 4 ans que je n'ai plus de nouvelles de ce premier amour dont je pense être toujours plus ou moins amoureuse. Je me reconstruis avec un autre homme qui est plus que compréhensif car lui est né suite à un accident alors que sa mère n'avait que 18 ans... Et pourtant, il ne me tient pas rigueur des choix que j'ai faits. Je me pardonne mais le chemin de croix a été plus que laborieux. Donc, pour toutes celles qui avortent et qui ont du mal à s'en remettre: ne restez pas enfermées avec vos angoisses et votre culpabilité. Et peut être qu'un jour j'aurai des enfants !

 
 
 

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