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Je me sens "chanceuse"

  • Boxy
  • 23 juin 2017
  • 3 min de lecture

25 ans, en couple depuis 10 ans, en CDI et j'ai décidé d'avorter. Cela peut paraître surprenant, mais même lorsque tous les paramètres semblent être favorables pour fonder une famille, quand l'accident est arrivé, mon ami et moi étions sur la même longueur d'ondes : nous ne souhaitions pas devenir parents dans neuf mois. Un choix un peu égoïste peut-être, mais cette certitude de ne pas encore avoir profité de notre vie de jeunes actifs, assumer les dépenses d'un enfant... Bref ce n'était pas du tout ce qu'on souhaitait. J'avais cependant besoin de plus de soutien que celui de mon copain qui me disait "il n'y a pas à réfléchir, on ne le garde pas". J'ai donc raconté ma mésaventure à ma grande sœur, qui m'a soutenue dans la démarche. J'ai aussi souhaité en parler à ma mère, elle avait connu des fausses-couches et une aspiration suite à une grossesse non menée à termes. On a toujours eu un lien très fort, mère-copine, mais dès que j'ai commencé à lui dire "Je suis enceinte mais...", elle a poussé un cri comme si elle venait d'ouvrir le cadeau qu'elle espérait le plus. Aïe... Par la suite elle a essayé de me dissuader, comme quoi on ne se pense pas prêt à devenir parent, on le devient quand ça arrive... Je lui ai tenue tête, c'était notre décision, nous ne voulions pas que cet enfant soit l'enfant du regret.

Les nausées du matin, et à tout moment de la journée d'ailleurs, la poitrine gonflée et douloureuse... Les premiers symptômes de grossesse sont arrivés très vite, ce qui rendait la présence indésirée du fœtus encore plus difficile. J'ai alors rapidement enchaîné les prises de sang pour vérifier la grossesse car à l’échographie on ne voyait pas grand chose et j'ai pris rendez-vous avec une sage-femme du planning familial. J'ai eu beaucoup de chance, toutes les personnes que j'ai pu rencontrer ont été respectueuses, douces avec moi et m'ont aidée à vivre cet avortement comme une simple mésaventure.

Le jour J, après avoir pris le premier comprimé la veille à l’hôpital, mon copain est avec moi, je l'ai un peu forcé à vrai dire car je ne le sentais pas très impliqué dans ce qui m'arrivait, ce que cela implique pour mon corps et même mon mental, je voulais qu'il comprenne que cette décision n'était pas anodine. Armée de mes anti-douleurs, nous passons à l'action... Enfin nous attendons que l'expulsion arrive devant une bonne série, avec des bonbons et une bouillotte sur le ventre. Il a finalement été un super compagnon. Puis c'est arrivé, j'ai senti l'expulsion entre les caillots de sang et j'ai ensuite eu des saignements pendant plusieurs semaines.

C'était fini, nous étions tellement soulagés, nous avions fait le bon choix. Je me suis fait poser un stérilet par la suite pour éviter un nouvel accident. C'est un sujet dont on peut parler sans tristesse, ni regret avec mon copain et ma sœur. En revanche, je n'en parle plus avec ma mère. Je me rends compte seulement maintenant que ce droit à l'IGV, à une bonne prise en charge par des professionnels respectueux et d'avoir le soutien des personnes qu'on aime n'est pas donné à toutes. Je n'envisage pas que ce droit puisse être restreint, voir supprimé : nous avons besoin de pouvoir faire nos propres choix, sans jugement.


 
 
 

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© 2017 par Marinette

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