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IVG - tabou

  • Poline
  • 26 juin 2017
  • 3 min de lecture

J'ai été retournée par les divers témoignages de cette vidéo. C'est important de donner de la visibilité, de la parole aux personnes qui passent parfois par cette étape de la vie et qui est loin d'être aussi aisée qu'on l'imagine. J'ai appris que j'étais enceinte à l'âge de 21 ans, fin septembre je crois. J'étais sous le choc mais je ne réalisais pas vraiment. J'ai pu appeler une amie qui avait déjà avorté et qui m'en avait parlé durant les vacances d'été. Elle m'a annoncé la couleur : ce serait dur et douloureux mais j'y arriverai et elle serait là. J'ai été attristée de voir le tabou autour de l'IVG parce que, lorsque j'en ai parlé autour de moi, les gens ont baissé les yeux et n'ont rien su répondre. Ou ils m'ont sorti des discours culpabilisants ou un peu foireux ("ça se fait vite", "c'est facile"), des personnes non-concernées qui plus est. J'ai dû hausser la voix pour que mon copain comprenne l'enjeu et qu'il prenne ses responsabilités. Par la suite il a été très présent. J'ai appelé le planning familial qui ne m'a quasiment rien dit avec un ton relativement blasé et ça m'a choquée. J'ai pris rendez-vous chez mon médecin généraliste qui m'a bien conseillée et m'a orientée vers le CHU ou les médecins qui pratiquaient l'IVG médicamenteuse. Une fois le rendez-vous pris au CHU, le médecin a été correct, sans jugement et ne m'a pas fait mal à l'écho, ni montré l'écran. Quelques semaines plus tard, j'ai pris le fameux médicament, puis le deuxième au CHU. Gros choc sur place : j'avortais dans la même pièce qu'une autre personne, avec chacune un toilette. J'ai cru à une blague mais non. Gros malaise... J'ai eu des douleurs terribles, j'en ai encore des cauchemars parfois : la douleur, la puissance du choc résonne en moi. J'ai fini par vomir puis par tomber par terre, la douleur était intenable. L'infirmière m'a perfusé un anti douleur. Ça allait mieux ensuite : j'ai fini d'éliminer l'embryon puis je suis rentrée chez moi. Juste avant, j'ai dû faire une écho pour vérifier que tout était parti. J'ai été reçue par un médecin qui ne m'a adressé ni un bonjour, ni un regard, qui m'a dit "c'est bon", a pris son manteau et est parti avant moi de la pièce pour rentrer chez lui... J'ai revu le médecin qui s'occupait de moi. Il m'a proposé un suivi psychologique à l'hôpital, j'ai trouvé ça bien même si je n'ai jamais osé y aller. Mais il m'a refusé la possibilité de me tourner vers un DIU en cuivre car il était contre "cette mode". Je précise que je suis tombée enceinte car je ne prenais plus de contraception (je ne supportais pas la pilule). Le plus éprouvant, ce sont les petites violences symboliques : sur la carte du rendez-vous de l'hôpital, on voit une mère qui tient son enfant par la main, on est dans les mêmes pièces que les femmes qui sont enceintes de six mois et qui gardent le bébé, c'est cette idée d'avorter à la chaine derrière une autre sans imaginer qu'on a besoin d'être seule (accompagnée du partenaire) plutôt que de se confronter à une autre personne qui subit la même chose. Je me suis sentie très seule. J'ai réalisé que je ne pouvais pas en parler à beaucoup de personnes et qu'elles ne comprenaient pas, qu'on me demandait d'oublier vite... J'ai vu la difficulté d'être avec quelqu'un (mon conjoint) qui ne communique pas et j'en avais terriblement besoin. J'avais besoin qu'on m'interroge, qu'on me pose des questions, qu'on soit bienveillant sans que je le demande... C'est encore dur, parfois, et ça fait dix mois que j'ai avorté.


 
 
 

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