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IVG, je vais bien merci

  • Klara
  • 10 juil. 2017
  • 3 min de lecture

En 2009, alors étudiante, j’ai un rapport sexuel non protégé avec mon partenaire. Moins de 48 heures plus tard, je vais chez mon pharmacien chercher le Norlevo, la pilule du lendemain. Je l’avale l’esprit serein, il ne peut rien m’arriver. Sauf que… Sauf que comme je l’ai appris plus tard la pilule du lendemain ne présente une efficacité maximale qu’en dessous de 70kg, au-delà il faudrait en prendre deux comprimés. Mais, au moment des faits, personne ne m’informe. Je mesure plus d’1m80, je suis loin des 70kg... Est-ce à cause de cela ou d’autre chose, on ne saura jamais, toujours est-il que j’ai avalé cette pilule mais que j’attends mes règles en vain... Je dors tout le temps, mon sommeil est agité, j’ai mal au ventre, mal aux seins, ce qui ne m’arrive jamais. Comme toute personne de ma génération, je demande conseil à Google et je commence à envisager d’être enceinte en lisant un article doctissimo (on a fait plus classe je vous l’accorde). J’aurais pu m’en douter toute seule mais, dans ces moments, l’esprit refuse d’envisager une telle possibilité. J’ai 22 ans, je suis étudiante pour encore plusieurs années et je suis enceinte. Mon monde vacille. Je vais voir mon partenaire, je lui en parle, après confirmation par un test urinaire. Il n’a qu’une seule crainte, que je lui dise « bon alors comment on va l’appeler », mais dans ma tête la décision est déjà prise. Je vais avorter. Premier réflexe, je cherche les coordonnées du planning familial, je ne sais plus exactement comment les choses se sont enchaînées mais j’ai fini par joindre un médecin généraliste qui m’a dit d’appeler le centre d’orthogénie le plus proche. Là-bas, ils me disent qu’il faut faire une écho. Je prend rendez vous, je bois le litre d’eau demandé, je vais au rendez vous avec le père de l’enfant. Il est presque plus mal à l’aise que moi. La tension est palpable. Ce n’est absolument pas arrangé par l’échographe glaciale qui, sans aucune considération et sans la moindre douceur, me demande de me mettre à moitié nue et me place la sonde dans le vagin. Elle ne se radoucira qu’au moment où elle me demandera si je veux garder les images et que je lui répondrai par la négative car ce n’est pas pour garder l’enfant. De cet examen je garde un souvenir amer d’une professionnelle de santé totalement dépourvue d’humanité et d’empathie. Armée de mon échographie, je prend rendez vous au centre d’orthogénie. On m’explique que, la psychologue étant absente, je ne pourrais pas avoir d’entretien psychologique préalable. Je suis soulagée, ma décision est de toute façon arrêtée, je n’ai pas envie de devoir en débattre avec quelqu’un qui ne connaît pas ma vie. Je rencontre la médecin, qui est une femme attentive et sympathique. Elle m’expose les deux options : médicale et chirurgicale et nous choisissons à trois l’option chirurgicale. Ma grand-mère est morte la semaine précédente, je dois rentrer chez mes parents pour l’enterrement, l’option chirurgicale permet que tout soit plus rapidement réglé. Nous revenons le jour de l’intervention, les infirmières et le gynécologue qui m’opèrent sont tous adorables. Je suis dans une chambre avec deux autres femmes, je suis la seule à être avec mon compagnon. La douleur post-intervention est très bien prise en charge, on me donne un suppositoire de morphinique et je repars avec de la Lamaline. Nous sortons de l’hôpital, nous allons au restaurant, je commande une grosse pièce de bœuf, depuis que je suis enceinte les quiches et les flans me dégoutent, je ne mange que du poulet et des tomates, j’ai des envies de morceau de viande. Je me dis que je porte un garçon. Enfin portait, cette grossesse s’est arrêtée à l’Hôtel Dieu, un joli nom, un beau lieu, un centre d’orthogénie qui va fermer aussi. Dommage. Le personnel de ce service était fabuleux, si un jour ils me lisent qu’ils puissent recevoir toute ma reconnaissance. Aujourd’hui, cela fait sept ans que j’ai eu la chance de pouvoir avorter. La chance de pouvoir finir mes études sereinement, m’installer dans ma relation et dans la vie active. La chance de choisir ma vie et de choisir un jour ce bébé qui viendra malgré une contraception (on a de gros problèmes de fertilité dans notre couple... mais pas les mêmes que les autres...). De choisir de l'accueillir parce qu'on a pu s'y préparer tranquillement pendant six ans. Etre confirmée dans notre choix que si on avait gardé le premier, ça aurait ruiné notre vie, parce que déjà, le deuxième, six ans plus tard, c'est pas facile. Etre pour toujours acquise à la cause de l'avortement. Mon corps, ma vie, mon choix.


 
 
 

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