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Un droit à préserver mais prévenir avant tout

  • May
  • 16 juin 2017
  • 5 min de lecture

J'ai malheureusement eu recours à une IVG médicamenteuse il y a une dizaine d'années, à 20 ans. Très amoureuse de la personne que je venais de rencontrer, lui faisant pleinement confiance (trop ?), nous avons démarré une vie sexuelle via les préservatifs. Ma mère sortait d'un grave problème gynéco et je n'étais pas rassurée par la prise d'hormones (pilule) bien que je pensais la faire prescrire rapidement. Ce que j'ai fait, par mon généraliste, mais il était trop tard car malheureusement juste avant mon rendez-vous un des préservatifs a littéralement explosé... Lui travaillait dans le milieu médical et m'avait assuré que cela ne lui était jamais arrivé, étant prévoyant il avait même prévu une pilule du lendemain que j'ai donc prise immédiatement et qui n'a eu aucun effet puisque j'ai fait un test quatre semaines plus tard qui était positif : horrible. Bien que souhaitant des enfants, et plutôt favorable à en avoir jeune, je me suis sentie totalement coincée par la situation : début de relation, situation totalement précaire ( les deux en reprises d'études...), pas d'entourage fiable, j'ai découvert que lui ne souhaitait, en prime, pas avoir d'enfant (du tout). L'IVG a ébranlé la relation qui, de toutes façons, n'a duré qu'une année supplémentaire et s'est totalement détériorée à la suite de l'acte. J'ai vécu une année dans un état dépressif, y pensant chaque jour, fait beaucoup de lectures autour (je recommande "Quel âge aurait-il aujourd'hui ?" de S. Clerget). Lui n'a jamais bien compris ni perçu mon malaise, impossible d'en parler ensemble, franchement un épisode de vie difficile à vivre. Après le test, j'ai été orientée vers un centre avec lequel il a pris contact mais il n'a pas assumé qu'il était concerné directement et a fait croire que j'étais seulement une amie... Le médecin (un homme) a été très bien, je l'ai ensuite consulté durant deux ans, cela a été le personnel le plus prévenant et empathique que j'ai rencontré. J'ai rencontré, avant le délai de sept jours, une assistante sociale qui m'a littéralement fait la morale, culpabilisée, me demandant pourquoi je n'avais pas pris de pilule. Le rendez-vous a été catastrophique et m'a mise dans tous mes états. Par ailleurs, l'infirmière qui m'a fait le bilan a aussi été odieuse en m'hurlant dessus et me disant que ce ne serait pas des "règles, mais un avortement". Le jour en question, j'ai été accueillie par une sage-femme et le personnel a été à l'écoute, mais cela n'en reste pas moins un moment glauque et difficile dans une ambiance très féminine, très perturbante, cela se passait dans une maternité. Ils ne m'ont pas du tout prévenue de ce que j'allais voir à l'expulsion survenue chez moi : surprenant et assez traumatisant même si dans l'ensemble cela s'est bien passé. Je ne ferai pas le récit détaillé de cette intervention. Ce que j'en pense aujourd'hui est que, jeune (et donc très fertile...), dans une situation qui impliquerait de toutes façons le choix d'un avortement, mieux vaut se tourner vers une contraception très efficace (en gros : pilule ou stérilet) et même une double protection (+ préservatif pour le partenaire ou les préservatifs féminins, assez confortables et qui m'ont paru plus solides). Les autres méthodes me semblent à proposer dans le cas d'un couple plus établi et qui n'exclut pas une grossesse (préservatifs seuls ou avec spermicides, méthodes naturelles, cape, etc.) ou pour les espacer. Je pense que le partenaire a un rôle à jouer. Sous pilule ensuite, pour ma part, j'étais encore très inquiète d'un oubli potentiel ou d'un problème à cause d'un souci digestif, je reprenais parfois des comprimés. Mon ami n'avait pas souhaité poursuivre avec les préservatifs et je pense que c'est une erreur, il aurait dû accepter sa part. C'est plus sécurisant pour tout le monde et je pense aux femmes qui peuvent faire des oublis de pilule, la double protection offre sûrement une tranquillité supplémentaire... Attention de bien choisir les préservatifs, ce qu'il n'avait pas fait lorsque l'accident s'est produit (lot gratuit), mais malgré la norme, je pense que la qualité diffère selon les produits...

Autour de moi des copines utilisent seulement le préservatif et n'ont pas l'air de s'en plaindre, je n'ai pas parlé de ce qui m'était arrivé, des gens dans ma famille ne le sauront jamais (trop de gêne voire de honte pour moi). Je suis consciente que cela n'arrive sans doute pas systématiquement, est-ce un manque de chance, un coup du sort, une autre infirmière avait comparé ça à un accident en sortant de chez soi... Une autre partie du personnel a semblé remettre en cause le fait que le préservatif aie craqué, imaginant que nous ne nous étions pas protégés du tout : le comble ! Autour de moi, une autre copine utilisait les méthodes naturelles, elle est tombée enceinte, et a dû faire, à près de 30 ans une IVG. Je pense que le choix appartient effectivement à la femme mais les conditions socio-économiques de ma génération pèsent énormément, qu'on le veuille ou non, dans le choix... Pour prendre son exemple, elle et son ami sont ensemble depuis longtemps, voudraient des enfants mais n'ont pas de situation professionnelle bien que se présentant à des concours... Voilà, protégez-vous et prenez soin de vous ! Si pour vous une grossesse n'est pas envisageable du tout, quelle que soit la raison, mieux vaut mettre le maximum de protection. Mon "après" n'a pas été glorieux et a profondément bouleversé ma perception de la sexualité, en bien, en mal je n'en sais rien, sûrement de manière relativement traumatique... En tout cas, je n'ai plus souhaité de vie sexuelle à deux tant que la situation de couple n'était pas suffisamment stable, ne souhaitant absolument pas revivre une telle situation. Je suis aussi très favorable aux méthodes définitives pour l'homme comme pour la femme lorsqu'on n'envisage pas ou plus de grossesse. La vasectomie se pratique beaucoup plus dans d'autres pays que la France. Et, heureusement, la loi s'est assouplie du côté féminin puisqu'il suffit d'être majeure pour le demander, même si cela a l'air d'être un parcours du combattant. On se plaint donc qu'il y a des IVG chez des femmes de tous âges "encore aujourd'hui" mais on restreint ce qu'on propose en termes de contraception : aucune logique. Par ailleurs ne souhaitant toujours pas prendre des hormones au long cours, toutes mes tentatives pour poser un DIU en cuivre ont été difficiles, la demande n'est pas accueillie facilement même par des médecins rattachés aux plannings... Et les pilules sont clairement la méthode de prédilection des médecins, parfois suggérée, mais souvent imposée à demi-mots , surtout quand la femme est jeune et n'a pas eu d'enfant (malgré les recommandations de la Haute Autorité de Santé). Pourtant, autour de moi, des copines, toutes jeunes, ont un DIU et en sont contentes : prenez des renseignements et tentez auprès de médecins qui, vous, le savez, y sont ouverts. Mais est-ce normal, en 2017, qu'une femme ne se voie proposer qu'un seul choix par les médecins et doive passer par du bouche à oreille juste pour obtenir et tenter une contraception qui lui conviendrait peut-être mieux ...? A méditer...


 
 
 

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