Parfois, heureusement, ça se passe bien !
- Lola
- 18 juin 2017
- 3 min de lecture
Je suis tombée enceinte à 18 ans, alors que j'étais sous pilule et en couple depuis seulement quelques mois avec mon copain. Il était absolument hors de question que je mène ma grossesse à terme, au vu de mon âge, de ma situation amoureuse, et surtout de mon absence totale d'envie de devenir mère. Comme je n'avais alors que peu d'argent, j'ai dû demander à ma mère de m'acheter un test de grossesse et de payer l'IVG. J'ai la chance d'avoir une famille pour laquelle l'argent n'est pas un problème, mais j'aurais aimé ne pas avoir à mettre ma mère au courant.
Elle, qui défend pourtant ouvertement les droits des femmes, dont celui à l'avortement, m'a fait quelques réflexions culpabilisantes dont je me serais bien passée... Au début, elle refusait de me croire lorsque je lui disais que je prenais ma pilule correctement, mais que le risque zéro n'existant pas, je n'avais simplement pas eu de chance. Elle m'a également prévenue que le gynéco allait certainement me "passer un savon", ce à quoi j'ai répondu que non, ce n'était certainement pas le rôle d'un médecin que de faire culpabiliser ses patientes. Et de fait, j'ai avorté dans une clinique privée où le personnel a très bien fait son travail. Le gynéco ne m'a pas posé de questions, il m'a simplement expliqué la procédure dans les grandes lignes avant de me demander si j'avais des questions.
Au vu de la date du début de la grossesse, j'ai dû avorter par aspiration, et tout s'est très bien passé. Une petite erreur du brancardier a retardé l'opération de quelques heures, mais tout le monde était très prévenant et aimable, et comme l'IVG s'est déroulée sous anesthésie générale, je n'ai rien senti sinon un léger inconfort au réveil. Je suis arrivée à l'hôpital tôt le matin et en suis ressortie vers 18 heures, soulagée que le problème soit enfin réglé. J'étais alors en forme et ne ressentais aucune douleur.
Lors de la visite de contrôle avec mon gynéco, ce dernier m'a posé un stérilet, comme nous l'avions prévu lors de ma première visite, au cours de laquelle il m'avait demandé si je souhaitais changer de contraception. On m'avait en effet prescrit la pilule sans me proposer d'alternative, et je pensais déjà depuis quelques temps à me faire poser un stérilet : c'était l'occasion de franchir le pas. En lisant des témoignages par la suite, je me suis rendu compte que j'avais eu de la chance de tomber sur un médecin bienveillant face aux jeunes patientes venues pour une IVG, et qui accepte de poser des stérilets aux personnes nullipares.
Aujourd'hui j'ai 23 ans et je vois mon avortement comme une simple mésaventure due à la malchance, qui m'a occasionné un dérangement ponctuel mais tout à fait surmontable. Je n'ai eu aucune forme de séquelle psychologique, et ne considère pas cette expérience comme un évènement marquant de ma vie. Il m'arrive parfois (rarement) d'en parler lorsqu'une conversation s'y prête, mais je n'aborde jamais le sujet spontanément. Je n'ai pas envie de devoir faire face aux éventuels jugements des gens, et n'ai jamais ressenti le besoin d'en parler. Néanmoins, je n'ai jamais rien dit à mon père. Ma mère et moi ne savions pas comment il réagirait, alors nous ne lui en avons pas parlé.
J'aimerais avant tout dire aux femmes, et notamment aux jeunes femmes qui en passent par là, tout comme moi il y a cinq ans, qu'un avortement peut tout à fait bien se passer, même lorsqu'il s'agit d'une opération sous anesthésie générale. Quand tout se passe normalement, c'est juste un mauvais moment à passer et lorsque c'est terminé, la vie reprend son cours dans la plus grande banalité.
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