Demi IVG

En octobre 2016, je suis tombée enceinte. J'avais un stérilet, que mon gynécologue a consenti à me poser, car il était contre. J'ai voulu changer de moyen de contraception car je ne supportais aucune des pilules qu'il m'avait prescrites, et il continuait de me dire que j'étais juste une "petite sucrée" et qu'il fallait juste que j'arrête de me plaindre, que c'est ça être une femme. J'ai donc décidé de d'échanger ma pilule contre un stérilet, et en voyant que je ne changeais jamais d'avis et que je continuais de le réclamer à chaque rendez-vous, il m'en a posé un, en me moralisant. Pendant plus d'un an, tout se passait très bien. Puis le stérilet s'est déplacé. Je ne me suis aperçue de rien, mon ex copain a juste senti les fils un peu plus que d'habitude. J'ai eu un retard de trois semaines. J'ai mis du temps a acheté un test de grossesse, comme pour nier le fait qu'il y avait une possibilité que je tombe enceinte. J'avais une image de l'ado' qui tombe enceinte, inconsciente, mal informée, idiote, et qui en plus garde l'enfant... Je me suis rapidement rendu compte que tout ça, c'est faux. Ma grand mère est tombée enceinte au même âge que moi, pas de contraception, et l'IVG se faisait... manuellement. Elle a gardé l'enfant, ma tante. Je ne voulais pas vivre la même chose. Mon ex copain a acheté un test, qui était positif. J'ai hurlé de douleur. Il a pris rendez-vous chez mon médecin, j'étais incapable de le faire. En attendant le rendez-vous j'ai acheté d'autres test, en espérant que tous les autres soient faux, que le résultat change subitement. Mais non. Mon médecin a été d'une gentillesse incroyable avec moi ! Je suis allée voir mon gynécologue, qui lui a été infecte. "Vous savez ça ne m'étonne pas, les filles de votre âge et de votre genre font n'importe quoi et tombent enceinte rapidement". Je suis partie sans payer. Il était hors de question que je paye quelqu'un pour me faire insulter. Entre temps, j'ai fait une prise de sang, et décidé d'aller au planning familial dès le lendemain, après mes cours. Je suis arrivée en classe avec des douleurs affreuses au ventre, j'allais toutes les deux minutes au toilette, puis une amie m'a dit que je perdais du sang. Mon pantalon était couvert de sang. J'ai couru aux toilettes, et je me suis sentie l'expulser. Je l'ai vu au fond des toilettes. Le lendemain au planning, on m'a fait passer une échographie, et on m'a expliqué que mon stérilet s'était déplacé, que j'avais fait une fausse couche, étant donné qu'il n'y avait d'oeuf sur l'échographie. Vu le résultat de ma prise de sang, ils ne voyaient pas d'autres explications. Les infirmières et la gynécologue de ce planning ont toutes été adorables et bienveillantes. Une pilule m'a été prescrite, le temps de reprendre rendez-vous pour la changer si ça n'allait pas. J'ai pleuré, de soulagement et de tristesse. Je m'en voulais. J'ai énormément de mal a en parler parce que je vois ça comme une honte, comme une punition, alors que je répète que ce n'est pas de ma faute, ni de celle de mon ex copain, que personne n'est responsable. Depuis j'ai changé de gynécologue. Le nouveau m'écoute et j'ai enfin une pilule que je supporte. Je trouve ça anormal qu'un médecin se permette de juger, moraliser, presqu'insulter, une patiente. Son travail est de soigner, écouter et prendre en charge ses patients. J'estime qu'on ne devrait pas le rappeler aujourd'hui.